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Le jour où mon cœur à craqué.


19 juillet 2017, 7 h 30

Le cadran sonne… Je me réveille avec le sourire.

Je suis heureuse, car aujourd’hui commencent mes vacances. Et oui un mercredi ! Pourquoi ? Parce que je le mérite amplement.



Je dois me lever, me préparer et partir travailler jusqu’à midi. Après c’est MON moment à moi. Celui que j’attends depuis 3 mois et qui m’a quasiment couté une paie complète. Je vais enfin voir mon band préféré en show à Montréal. On s’est gâté les amis à mon chum et moi, on s’est payé les meilleurs billets possible pour être juste en avant. Avenged Sevenfold ça te parle ? Du feu sur scène, un chanteur beau comme un Dieu (à mon humble avis), des chansons à chanter par chœur, une foule en délire… Je rêve de ce moment depuis beaucoup trop longtemps, je suis très excitée ! Oups j’allais oublier ma plug de cell derrière le lit.

« Tu n’iras pas soir »


Quessé ça cette phrase dans ma tête? Oh oui je vais y aller et watch out je vais me défouler!




Ça fait un bout que je suis hyper fatigué. Le stress au boulot que je ramène à la maison. Ma cocotte qui, je ne sais pas ce qu’elle a ces temps - ci, mais tabarouette qu’elle tire du jus. Ça fait 2 semaines qu’elle veut juste les bras et maman… C’est bien beau, mais là, à 2 ans et demi, il faudrait qu’elle apprenne à décrocher… un tantinet. Bon OK elle a fait de la fièvre en fin de semaine, mais là ça fait 2 jours que ça s’est résorbé. Elle couvrait de quoi surement. Maintenant tout va bien, mon chum est là pour me backer. Moi je fly !


Il est midi youpi ! Mes semaines de vacances débutent. Je vais chercher mes complices, on va diner pis on s’en va en direction de l'ile sainte - Hélène.


Le téléphone sonne, c’est Melissa l’éducatrice de ma fille… Amy saigne du nez… abondamment.

Quoi faire ?

Premièrement, me faire peur et deuxièmement appeler papa parce que maman, n’ait pas dispo.

Bon, une autre affaire! Je reçois une photo d’elle.

Ouffff ok. Ce n’est pas normal. J’appelle Éric.




-Amy fait dodo, elle a dû se gratter trop fort ça peut arriver, je suis allé l’à chercher et je l’ai couché.

-Non, non, non… je ne le feel pas. Amène là à l’hôpital. Ne me fais pas descendre de Montréal pour ça. Et tiens-moi au courant.

J’ai la chienne.


Respiration !

Amy est entre bonnes mains… avec son papa à l’hôpital.

Là, relaxe et pense à toi.

Respiration… On embarque dans le métro. Hey, il y a du Metallica qui joue dans la radio du wagon. Ça met dans l’ambiance. Il y a vraiment beaucoup de gens (ça fait changement de ma job et de ma routine). On marche pas loin d’un kilomètre en festoyant pour se rendre au line up quand mon cellulaire retentit.



-Mme Atzenhoffer ?

Dr X, je suis présentement avec votre conjoint et votre fille…

Les résultats d’analyse sanguine de votre fille nous démontrent un débalancement complet de ses globules blancs, les rouges et les plaquettes.

Je sais que vous êtes à un concert, votre conjoint ne voulait pas que je vous appelle, mais je suis dans l’obligation de le faire. Ils seront transportés en ambulance à Ste - Justine. Je vous conseille de vous y rendre dans les plus brefs délais.


What de fuck un débalancement de son sang ? C’est quoi ça ?


Andrée-Anne, ma copine infirmière (la meilleure) sera en mesure de me répondre, elle va me calmer comme à chaque fois.

Nahhhh pas cette fois.

Elle savait des choses que moi je ne savais pas encore.



« Dans le pire des cas, ta fille à la leucémie. »


Vide total dans ma tête, je n’entends plus rien, je m’effondre. Je vous remets en contexte, il y a un minimum de 10 000 personnes autour de moi qui délire et s’amuse et il y a moi par terre qui n’ai pas capable de se relever.


Pourquoi moi ? Pourquoi aujourd’hui ? Je suis fâché, je le savais ce matin. Pourquoi je n’ai jamais le droit à mon moment à moi. Si ça se trouve, ce n’est rien, elle va guérir avec des médicaments en 2 jours pis c’est tout.

Mais c’est peut-être aussi extrêmement grave.

Arkkk pis je dois remarcher 1 km à contre-courant et retourner à Longueuil.

Plus je marche plus je pleure. J’ai un mélange de peine, d’inquiétude et de colère qui m’envahit. Je manque d'air, j'ai besoin d'aide.



J’arrive à l’hôpital complètement perdu. Première fois que je rentre ici.

Une sécurité, Melissa m’accompagne à l’urgence où je demande si ma fille est arrivée… Pas d’Amy Beaudoin, pas rien à son nom.

«Madame, êtes-vous sûr que vous ne vous êtes pas trompé d’hôpital ?»


Melissa m’accompagne dehors et reste avec moi. L’ambulance est dans le trafic. Alors je discute avec Éric et la nouvelle me transperce le cœur comme un poignard. L’hypothèse de leucémie est belle et bien présente. Amy ne va pas bien du tout.


Je me rappelle encore ce moment où j’ai raccroché. Assise sur le banc, dehors. Vêtue d’une paire de shorts qui me rentrait dans les fesses, une tête de mort qui ornait ma camisole, le rouge à lèvres pétant et le mascara qui coulait comme le flot d’une rivière sur mes joues. Plus rien n’avait de sens. Le coup de poignard là ? Ben il venait d’écorcher mon cœur.


Les minutes sont passées comme des heures. En faite, ça leur a pris 2H 30 st-Hyacinthe- Montréal.



De voir ma petite cocotte blême comme un drap blanc nappé de sang, si faible. De voir à la rapidité dont les infirmières sont accourues vers nous et lui ont fait plein de tests. Je comprenais que je ne rentrerais pas chez moi cette nuit, ni même la suivante et l’autre d’après.


2 jours ce sont écoulés avant d’apprendre qu’elle avait un diagnostic de leucémie et un autre 2 jours pour nous faire dire :

– votre fille souffre d’une leucémie myéloïde aigüe. Elle a 30 % de chance de survie. Nous allons vous installer au bloc de cancérologie Charles Bruneau et vous y serez pour les 7 à 8 prochains mois. Nous ferons tout en notre possible pour sauver votre fille, mais malheureusement nous ne pouvons pas vous garantir qu’elle s’en sortira.









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